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Sur les Pas de Saint Jacques

Au fil du chemin, le patrimoine

C’est du Puy-en-Velay que partit l’évêque Godescalc, en 950, le premier pèlerin franc connu, mais son itinéraire nous est resté inconnu. L’importance du sanctuaire marial du Puy en Velay en fit une tête de départ pour le « guide du pèlerin » d’Aymeri Picaud. Il parlait de la « voie des Bourguignons et des Teutons ». Si les descriptions écrites de cet itinéraire sont minces, l’archéologie et le jalonnement par d’importants sanctuaires, ont permis de restituer les tracés suivis par les pèlerins médiévaux. La construction de sanctuaires, d’abbayes, d’hôpitaux, de ponts, le développement de nombreux mythes et légendes, les traces de dévotion à des saints ou à Saint Jacques lui même, attestées par des reliques ou par des oeuvres d’art, ainsi que la variété des paysages ont assuré la renommée de cet itinéraire. Ainsi, le chemin du Puy-en-Velay est le plus anciennement aménagé en sentier de Grande Randonnée dès les années 1970. C’est l’une des voies les plus connues. Les connaissances historiques ont permis un balisage au plus près des tracés médiévaux tout en prenant en compte les impératifs contemporains.

Le patrimoine naturel

Au fil des étapes, le chemin traverse une succession de régions naturelles bien spécifiques avec leurs us et coutumes, leurs traditions et savoir-faire particuliers qui contribuent à façonner les paysages : Le Velay, La Margeride, L’Aubrac et La Vallée du Lot.

Le patrimoine rural

Tout au long des étapes, le cheminement est agrémenté de nombreux vestiges et héritages témoignant  de  la  vie  des gens habitant  les régions traversées. Ces derniers traduisent l’importance de la vie collective avec des infrastructures communes aux habitants du village, véritable lieu de sociabilité et de lien social. La foi et la ferveur occupent aussi une place particulière et ont profondément marqué les paysages.

Les Maisons de l’assemblée ou Maison de la Béate

Symbole et noyau de la vie communautaire, les maisons de l’assemblée, qui sont encore nombreuses dans les villages traversés bien que souvent à l’abandon, étaient des lieux qui rythment la vie de toute la communauté villageoise.Construites par les habitants du village eux-mêmes et propriété collective, ces maisons étaient d’architecture rudimentaire, souvent de plan carré avec deux étages et le toit surplombépar un clocheton. Les villages en assuraient l’entretien. Elles servaient à la fois d’habitation à la béate, une femme célibataire rattachée à une congrégation, qui sans être religieuse, se dévouait à la vie du village assurant un accompagnement à tous les moments importants    pour la communauté.

Ainsi, institutrices, elles enseignaient   aux garçons, les rudiments de l’écriture, de la lecture et du calcul, et aux filles, l’apprentissage de la dentelle. Infirmières, elles prodiguaient les soins les plus courants, s’occupaient des malades et veillaient les mourants. Catéchistes, elles dirigeaient la vie religieuse de la communauté (animations du mois de mai, chapelets et prières pour les veillées funèbres), parfois elles pouvaient aussi servir de médiateurs lors de conflits au sein de la communauté entre villageois. Ne percevant aucune rémunération, la béate vivait des dons des villageoises et dans le meilleur des cas des produits de son jardin si elle bénéficiait d’une partie des terrains appartenant à la communauté villageoises (biens de sections). La généralisation du maillage scolaire et sanitaire, l’accès accru aux services de santé ont peu à peu fait disparaître ces usages après la seconde guerre mondiale.

Les fontaines et lavoirs

L’eau est un élément essentiel et indispensable pour toute activité humaine et pour l’élevage, aussi lorsque l’habitat est regroupé, on trouve souvent dans les villages une succession d’aménagements aquatiques. L’eau des sources avoisinantes est captée et amenée au centre ou à proximité du village pour alimenter la fontaine qui est à disposition de tous les habitants, celle-ci peut prendre des formes variées. Souvent, à proximité de la fontaine, se trouvent des abreuvoirs taillés dans des blocs monolithiques pour permettre aux animaux de boire. On trouve aussi des lavoirs habituellement creusés directement dans le sol et entourés de pierres taillées avec de larges rebords inclinés pour faciliter le lavage du linge. Il est fréquent que les points d’eau soient associés au culte d’un saint, les fontaines sont placées sous son vocable et sa protection. Une statue ou une croix matérialise ces liens. Cela démontre l’importance accordée à l’eau dans les campagnes avant le développement des commodités apportées par l’urbanisation et l’aménagement de ces régions.

Le four banal

Le pain est aliment de base de la nourriture pour les habitants des campagnes, aussi le four banal occupe une place primordiale dans la vie du village. Souvent il est organisé en deux partie, le four proprement dit de forme arrondi construit en pierre taillée ou en brique recouverte de sable pour garantir l’isolation. L’autre partie, le fournil, où sont entreposés le bois, les paillasses, et les ustensiles nécessaires à la fabrication du pain, est souvent éclairée d’une petite fenêtre qui est ouverte pendant la cuisson. L’aménagement intérieur du fournil est très variable et hétérogène, d’une pièce vide sans aucun aménagement spécifique à une pièce comportant un pétrin, un bac pour l’eau et parfois même une fontaine.

Le Couderc

Dans la plupart des cas, divers aménagements sont localisés et organisés autour (ou à proximité) d’un bien de section (propriété collective du village) : le Couderc. Le Couderc, qui regroupe l’ensemble des activités communes des habitants du village, est un lieu de rassemblement, de ralliement où se déroulent les événements importants de la vie communautaire.  Autre élément très présent dans les zones d’élevage, le métier à ferrer, de pierre ou de bois, il a pour fonction de maintenir les animaux de traits (chevaux, bœufs, vaches) afin de soigner leurs sabots et de les ferrer.

Les Croix

Tout au long du chemin, les croix sont autant de signes et de guides pour le pèlerin. Cependant, ces croix très nombreuses qui témoignent de l’impact de la christianisation et de la ferveur de la foi chrétienne dans ces régions, ont une utilité bien précise et souvent spécifique.Il y a bien entendu, les croix de dévotion   implantées sur les hauteurs dominant les bourgs et villages, il s’agit souvent des calvaires, des croix de pèlerinages locaux.

En bordure des chemins et principalement aux croisements, se trouvent des croix de direction, très fréquentes sur les abords du chemin, elles servent à guider, à indiquer le chemin. Les autres croix situées en bordure des chemins peuvent aussi avoir des fonctions de croix mémorielles, c’est à dire qu’elles ont été érigées à un endroit précis en mémoire soit d’une personne, d’un événement en relation avec le lieu d’implantation, il peut aussi s’agir de croix de défunts, souvent au pied de ces dernières se trouve une pierre plate en forme de socle, ceci servait à déposer le cercueil des défunts lors de procession funèbre avant l’existence des corbillards. Enfin, on trouve aussi des croix de limite de propriété en bordure de parcelles cultivées.

Les cabanes de berger

Dans la zone de pastoralisme du Velay, de la Margeride et de l’Aubrac, on aperçoit encore au milieu des pâturages de petites constructions en pierre d’architecture. Il s’agit d’anciennes cabanes de bergers, souvent très modestes et de taille réduite. Le berger regroupant les troupeaux de tout un village, assurait pendant la période estivale, la pâture dans les terres les plus éloignées du village. Il disposait d’un petit abri de pierres sèches pour s’abriter et dormir. Il s’agit dans la plupart des cas d’une simple pièce à même la terre sans aucun confort. En Velay, les « chi bottes », comme on les appelle, ont une forme en tête d’obus très singulière.

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